Article spécial tracés du Tour 2008:
Le parcours de la 95e édition, 3 554 kilomètres, a été dévoilé à Paris. La Grande Boucle 2008 s'élancera de Bretagne, sans prologue pour la première fois depuis 1967 et passera par le col de Restefond (2800m). Les Pyrénées avant les Alpes et une arrivée inédite au sommet, en Italie (Prato Nevoso).
Un Tour pour casser les scenarios habituels. Voilà comment Christian Prudhomme a présenté le parcours de l'édition 2008 de la Grande Boucle, 95e édition longue de 3 554 kilomètres. La course, qui abandonne pour la première fois depuis quarante ans le principe du prologue, partira de Brest et entrera dès le sixième jour en moyenne montagne, avec une arrivée à Super-Besse dans le Massif Central. Elle abordera les Pyrénées avant les Alpes et visitera un seul pays étranger, l'Italie, pour monter jusqu'à Prato Nevoso, l'une des quatre arrivées au sommet de l'épreuve.
Dans les Alpes, privilégiées par rapport aux Pyrénées, le Tour franchira pour la quatrième fois de son histoire centenaire son col le plus haut, la Bonette, à 2802 mètres d'altitude. La dernière étape de montagne, à quatre jours de l'arrivée à Paris le 27 juillet, passera par le Galibier et la Croix-de-Fer, deux monuments des Alpes, avant de rejoindre l'Alpe d'Huez, de nouveau au programme après une absence d'un an. Cette 95e édition, qui délaisse la partie nord/nord-est du pays, s'efforce de trouver des terrains inédits favorables à une course de mouvement, selon le voeu de Christian Prudhomme.
"Plus ou moins 20 équipes"Le Tour 2008 diminue légèrement la distance des contre-la-montre. Le premier se dispute le quatrième jour à Cholet sur 29 kilomètres, le second à la veille de l'arrivée à Saint-Amand-Montrond sur 53 kilomètres. Autre nouveauté, aucune bonification en temps ne sera accordée au long de l'épreuve qui bénéficiera de deux journées de repos, à Pau et à Cuneo (Italie), et comprendra un seul transfert au matin de la dernière étape. Si le parcours propose une étape de haute montagne en moins et un nombre à la baisse de grands cols, il donne surtout une plus large place à la moyenne montagne et offre des terrains d'attaque multiples avec une répartition plus large des difficultés.
Le nombre d'équipes tournera autour de 20,
"plus ou moins" selon l'expression de Christian Prudhomme en prévoyant "beaucoup de discussions" à venir avec les formations.
"Aucune équipe ne peut se dire: j'ai un droit de participation" , a-t-il dit en réponse à une question sur
Astana, et son exclusion pour le dopage d'
Alexandre Vinokourov. Les organisateurs laissent ainsi planer, telle une épée de Damoclès, la menace de refuser l'accès à leur épreuve pour une équipe qui ne respecterait pas intégralement l'éthique sportive.
"Tous les coureurs du Tour devront avoir satisfait au passeport sanguin". Il faut casser les scenarios habituels mais aussi les habitudes.
LES ETAPES
5 juillet - Première étape : Brest - Plumelec (195 km)
6 juillet - 2e étape : Auray - Saint-Brieuc (165 km)
7 juillet - 3e étape : Saint-Malo - Nantes (195 km)
8 juillet - 4e étape : Cholet - Cholet (clm, 29 km)
9 juillet - 5e étape : Cholet - Chateauroux (230 km)
10 juillet - 6e étape : Aigurande - Super-Besse (195 km)
11 juillet - 7e étape : Brioude - Aurillac (158 km)
12 juillet - 8e étape : Figeac - Toulouse (174 km)
13 juillet - 9e étape : Toulouse - Bagnères-de-Bigorre (222 km)
14 juillet - 10e étape : Pau - Lourdes-Hautacam (154 km)
15 juillet - Repos à Pau
16 juillet - 11e étape : Lannemezan - Foix (166 km)
17 juillet - 12e étape : Lavelanet - Narbonne (168 km)
18 juillet - 13e étape : Narbonne - Nîmes (182 km)
19 juillet - 14e étape : Nîmes - Digne-les-Bains (182 km)
20 juillet - 15e étape : Digne-les-Bains - Prato Nevoso,Italie (216 km)
21 juillet - Repos à Cuneo, Italie
22 juillet - 16e étape : Cuneo - Jausiers (157 km)
23 juillet - 17e étape : Embrun - L'Alpe d'Huez (210 km)
24 juillet - 18e étape : Bourg d'Oisans - Saint-Etienne (197km)
25 juillet - 19e étape : Roanne - Montluçon (163 km)
26 juillet - 20e étape : Cérilly - Saint-Amand-Montrond (clm,53 km)
27 juillet - 21e étape : Etampes - Paris (143 km)
Des coureurs aux directeurs sportifs, retrouvez toutes les réactions à l'occasion de la publication du parcours 2008.
Cadel Evans (AUS/Predictor), 2e en 2007: "Je ne peux pas dire si je peux gagner avec ce parcours. Les Pyrénées avant les Alpes, cela ne fait pas de différence pour moi. Je pense vraiment que c'est la deuxième partie qui va être importante pour le classement général. Je vais plus me concentrer sur cette deuxième partie, comme la plupart des coureurs intéressés par le général. Même si on peut le perdre dans la première. J'en ai fait les frais l'année dernière. J'aurais pu gagner le Tour, qui sait. L'absence de transfert ? C'est bon pour tout le monde. Coureurs, journalistes, mécaniciens (rire). Même si je ne le réclamais pas particulièrement. Cela fera plus de temps pour se reposer. C'est une bonne chose pour la qualité de la course."
Philippe Gilbert (BEL/Française des Jeux): "C'est plus équilibré. Il y a du moyen et du très dur, c'est mieux que l'an dernier. Il y a plein d'étapes qui peuvent me convenir, où je peux tirer mon épingle du jeu. L'absence de transfert ? On peut remercier les organisateurs. On va pouvoir profiter pleinement des journées de repos. Arriver le soir à l'hôtel et même passer la journée au lit."
Eusebio Unzue (directeur sportif de Caisse d'Epargne/Pereiro, Valverde): "Le Tour a été dessiné pour être plus ouvert. Restefond ? Je me souviens que c'est dans ce col interminable que Miguel (Indurain, en 1993) avait souffert le plus. Pour le reste, trente kilomètres de contre-la-montre en moins, cela va jouer inévitablement sur le résultat final."
Hendrik Redant (directeur sportif de Predictor/Evans): "Pour une équipe qui présente un sprinteur (McEwen) et un leader pour le classement général (Evans), ça va être compliqué. Les équipiers auront beaucoup de travail. Il faudra s'appuyer sur le travail d'autres équipes. Pour Evans, la diminution des contre-la-montre est un petit désavantage."
Hans-Michael Holzcer (manageur de Gerolsteiner):"Avec ce parcours, ce ne sont plus seulement les grimpeurs qui sont favorisés. Il y a aussi des étapes courtes, qui sont souvent plus disputées. L'absence de transfert ? On va gagner une demi-heure par jour pour se reposer. C'est bien que l'organisation tienne compte de l'avis des équipes et des coureurs. La participation? J'espère que le choix des équipes par l'organisation du Tour de France ne restera pas simplement une annonce et se concrétisera."
Alain Gallopin (directeur sportif d'Astana/Contador): "Le premier rendez-vous sera à Hautacam. L'absence de prologue ne changera pas grand-chose. Le Massif Central ? Cela dépendra de l'équipe qui a le maillot jaune, si elle a les moyens de le défendre. C'est un Tour plutôt favorable aux grimpeurs. C'est bon pour Contador."
Francis van Londersele (directeur sportif de Cofidis): "Il a un drôle de dessin mais il est super-beau pour une équipe comme la nôtre, pour une équipe de baroudeurs. Il laisse beaucoup d'espaces, de possibilités d'attaque. Je pense à des coureurs tels que Duque, Monfort, Moncoutié, Chavanel..."
Martial Gayant (directeur sportif de la Française des Jeux): "La troisième semaine va faire peur mais c'est la plus grande course du monde. Il faut resortir le meilleur du lot. Le choix des équipes ? J'espère que les mots seront suivis d'effets. Je me méfie toujours des pressions, surtout politiques."
Vincent Lavenu (directeur sportif d'AG2R): "On sent que les organisateurs ont été attentifs à la répartition des efforts. Il n'y a pas d'étape de montagne extravagante. Ce sera un Tour plus humain, c'est dans l'air du temps et cela me semble juste."
Thomas Voeckler (FRA/Bouygues Télécom): "C'est un beau parcours. J'aime bien cette première semaine. Il y aura de l'incertitude. En 2007, la première semaine était monotone. En plus, chez Bouygues, on n'a pas de grand sprinteur. Pas de prologue ni de bonification, ça ouvre le jeu. Au niveau de la stratégie, cela va être différent. On pensera plus à creuser les écarts au général. Celui qui est 7e à Plumelec (terme de la 1re étape) peut prendre le maillot le lendemain. Les étapes courtes ne sont pas un handicap. Elles sont souvent plus nerveuses. Le passeport biologique ? C'est quelque chose de novateur, ça peut permettre qu'il y ait moins de dopage. Tout ce qu'on demande c'est d'être sur un pied d'égalité. Si on n'a rien à se reprocher, pourquoi ne pas s'y soumettre. Il y a des coureurs très procéduriers. Mais les organisateurs du Tour, à la différence d'autres courses, peuvent se permettre de récuser un coureur."
Cyril Dessel (FRA/AG2R): "C'est bien pour avoir une course de mouvement, avec pas mal de moyenne montagne et moins de grosses étapes. Assez rapidement, il peut y avoir une échappée qui prenne du temps. C'est un Tour intéressant."
Stéphane Goubert (FRA/AG2R): "C'est dur tous les jours mais ce n'est pas hyper-dur à part l'étape de l'Alpe d'Huez. L'absence de prologue ? C'est une bonne chose. La course est plus ouverte."